Trouvez votre voie dans l’incertitude
La métaphore du bassin
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Des histoires comme on en voit tous les jours.
L’autre qui travaille trop. Qui en oublie ses enfants, sa famille et qui s’en rend compte un peu tard.
Celui qui s’obstine à photographier des natures mortes. Et qui finit par abandonner, bloqué dans une impasse.
Ou même celui-ci tenez, qui aimait capter la beauté de l’instant en image… et qui finit par photographier des rideaux pour des catalogues. Loin de ses rêves et de ses envies.
Il n’est pas facile de tenir un bon cap. Le risque de se perdre en route est réel.
On reste tiraillé entre les obligations, le besoin de gagner sa vie, de se réaliser, la pression sociale.
Comment s’y retrouver dans tout ça ? Pas facile.
Il faudrait un outil, quelque chose pour nous simplifier la vie. Quelque chose qui nous aiderait à garder l’esprit clair. Malgré les soucis et le quotidien.
Un repère dans la nuit. Un phare.
Ce phare, j’aimerais vous aider à le trouver.
Mais avant ça, parlons du problème fondamental : le futur.
Le problème : un futur difficile à cerner
Le futur est une brume. De plus en plus flou, à mesure qu’on regarde loin.
À deux mètres un chien… à trente, une grosse bâtisse. Les détails laissent la place aux silhouettes imposantes.
Vous connaissez peut-être ce que vous ferez vendredi prochain, mais vendredi dans 6 mois ? Et dans 5 ans ?
Idem pour la météo.
Vous ne savez rien du temps qu’il fera dans 93 jours exactement. Vous aurez malgré tout une vague idée. Si ça tombe en plein été, vous savez qu’il ne fera pas -15, mais à part ça…
C’est pourquoi le risque de se perdre est important.
Peut-être parce que vous vous butez. Vous prenez tout droit et n’en déviez pas. Comme notre photographe de natures mortes.
Ou au contraire, parce que vous allez n’importe où, selon le bruit du vent ou votre humeur du moment. Tout comme notre photographe de catalogue.
J’aimerais vous proposer une troisième voie, adaptée pour naviguer dans la brume. Vous tâtonnerez quand même, mais vous risquerez moins de vous perdre.
Cette voie s’appuie sur la métaphore du bassin. Je vous explique !
Un bassin, c’est quoi au juste ?
Imaginez. Un bassin d’eau.
Tout bête.
De l’eau dans un trou. Et chaque fois qu’il pleut, la pente naturelle fait dévaler les gouttes… et le bassin se remplit.
Peu importe le chemin qu’empruntera la goutte, elle finira dans le bassin. C’est un point stable dans la vie chaotique de la goutte d’eau.
Ce point stable sera votre repère. Il vous servira de cap, peu importe les circonstances. Peu importe la tempête ou la brume.
Telle la goutte d’eau, vous serez agile, et vous adapterez aux circonstances et au terrain.
Vous aurez votre point stable. Votre bassin.
Ou plutôt VOS bassins.
En effet, il existe des bassins à différentes échelles et pour différentes utilisations, allant du projet collectif au projet individuel, d’un projet pour la vie au projet d’une semaine.
La mer, le plus gros “bassin”, est un concept inventé par Robert Branche et très bien décrit dans son livre Les mers de l’incertitude. C’est grâce à lui que j’ai imaginé le principe des bassins et je l’en remercie.
Ensuite, les bassins sont de plus en plus petits : du bassin d’Arcachon aux petits qu’on trouve au fond des jardins.
Les plus gros sont les plus stables, ils définissent vos objectifs presque inconditionnels. Ils s’ancrent dans le long terme.
Et à mesure qu’ils retrécissent, ils deviennent plus volatils, mais restent un point d’ancrage précieux.
Les plus gros sont des phares dans la brume, les plus petits sont des bougies.
Le bassin principal et ses deux scénarios
Perdu dans le brouillard, vous voyez au loin une bâtisse. Vous n’en percevez aucun détail.
Tout comme vos bassins.
Vous allez rester vague, flou, abstrait.
Vous n’allez pas parler de photo, mais d’image par exemple. Vous n’allez pas parler d’une activité précise et concrète. À la place, vous allez rêver.
Vous vous appuierez sur vos motivations profondes. Cherchez ce qui est sûr, stable, ce qui restera inchangé malgré les circonstances.
Le bassin principal pour notre photographe, c'est de montrer des images qui révèlent l’authenticité des choses et des gens. D'ailleurs à ce stade, il n’exclut pas d’organiser des expositions pour d’autres artistes. Peut-être un jour.
Pour ma part, mon bassin principal est celui-ci : j’utilise la pédagogie pour améliorer l’existence individuelle ou collective, en m’appuyant sur mes propres recherches et réflexions.
Vous voyez, je ne me limite pas à la création d’articles, à la sortie d’un livre, ni même à l’écriture. Je peux très bien créer des vidéos, animer des ateliers ou inventer des jeux.
C’est très vaste.
Mais pour autant, écrire pour d’autres, répondre à des commandes… ce serait me perdre.
Bref, un bassin principal, c’est à la fois vaste et limité. C’est un vrai choix, fait de prise de recul et d’esprit critique.
Et pour le compléter, vous pouvez y accoler deux scénarios.
Le premier, c’est votre limite basse. La limite à partir de laquelle il n’est plus intéressant de continuer. Pour certains ce sera financier, pour d’autres cela concernera les conditions de travail.
Notre photographe tiendra à sa liberté artistique, ainsi qu’à gagner le SMIC, au minium.
Le deuxième scénario est idéal. Il faut envisager l’impossible pour qu’il se réalise. Soyez fou. Je vous recommande ma vidéo sur l’arbre d’exploration. Cet outil vous aidera à trouver des solutions inédites, en sortant des autolimitations.
Bon, par exemple. Notre photographe rêve d’être déniché par un éditeur, pour un beau bouquin photo. Ce n’est pas pour tout de suite, mais qui sait ? C’est un beau rêve pour lui.
Les petits bassins et la création d’un arbre
Voilà. Vous avez votre bassin principal et ses deux scénarios. Vous pouvez désormais vous atteler à des bassins plus petits.
Vous pouvez détailler quelque peu.
Par exemple, notre photographe se focalise sur la capture d’image, n’étant ni dessinateur, ni graphiste. Pour sa branche événementielle, il saisit sur le vif des instants de vie. Ce qui exclut de fait les poses photos.
Quant à la nature, équipé d’un drone et d’un téléscope, il voudra la révéler dans son immensité : des lacs de montagne jusqu’à la voie lactée.
En organisant ses bassins, notre photographe construira un arbre :
- racine : il veut montrer des images qui révèlent l’authenticité des choses et des gens
- tronc : il se limite à la capture d’image, qu’elle soit photographique ou vidéo
- première grosse branche : il saisit sur le vif des instants de vie, dans l’événementiel
- deuxième grosse branche : il veut montrer l’immensité de la nature
Le moment d’agir
Tentez-vous.
Dégotez un petit projet et tentez-vous. Imaginez ce qui est stable et sûr pour ce projet. Exercez votre esprit critique.
À la fin, vérifiez si vous avez vu juste. Apprenez.
Et pour le long terme et les gros projets ?
Aidez-vous de l’ikigaï. Cet outil explique qu’un bon projet est à la croisée de :
- ce que vous aimez faire
- ce pour quoi vous êtes doué
- ce dont le monde a besoin
- ce pour quoi vous êtes payé
Le 4ème point est facultatif car les bassins peuvent s’appliquer à des projets bénévoles.
Bref, cherchez, cherchez et laisser un peu reposer. Voyez ce qui vient. Votre bassin principal doit être inspirant et motivant.
Si vous sentez comme “un gravier dans la chaussure”, essayez de formuler ce qui ne va pas. Qu’est-ce qui vous gêne ? Pourquoi vous n’êtes pas emballé ou sûr de vous ?
Voyez ça comme un jeu.
Vous n’aurez peut-être pas votre bassin principal demain matin. Soyez juste patient. Exercez-vous et patientez.
Vous serez toujours dans la brume, mais vous aurez appris à naviguer.
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