Je me suis fait avoir.

Pourtant je suis rompu à l'esprit critique. Je sais comment analyser une information, repérer les sources. Je connais les pièges du cerveau.

Et pourtant, le résultat est là : je me suis fait avoir.

Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi c'est arrivé mais surtout, je vais vous donner des pistes pour éviter ce piège.

Le problème avec la pédagogie

Je vous le dis tout de suite : je suis autiste.

Et pourtant, j'aurais juré ne pas l'être. J'avais lu de nombreux articles, regardé des témoignages. J'aurais pu expliquer à n'importe qui ce qu'était un autiste et ce qu'il n'était pas.

Mais alors pourquoi je me suis fait avoir ? Pourquoi, alors que je connaissais l'autisme, je n'ai pas su voir que j'étais concerné ?

Parce que les autistes invisibles... sont par nature invisibles. Je m'explique.

Si vous regardez vos genoux quand vous parlez à quelqu'un, tout en vous frottant l'oreille, vous allez éveiller des soupçons. Vous passerez donc des tests et vous serez diagnostiqué autiste.

Maintenant, si votre cas est plus complexe, plus ambigu, vous ne passerez peut-être pas de tests. Et si vous en passez un quand même et qu'on vous diagnostique, les médias auront peu d'intérêt à parler de vous. Car vous ne serez pas un bon exemple, pédagogique et clair de l'autisme.

Vous serez un cas complexe et difficile à expliquer. Vous serez donc absent de la pédagogie sur l'autisme.

Comparaison entre deux arbres : un dessiné, l'autre réel

Ainsi, on pourra facilement trouver l'exemple de Valentin qui connait tous les modèles de trains classés par marques et années. Mais vous ne trouverez pas l'exemple de Sophie qui se passionne plus simplement de romans et de chevaux.

Vous aurez l'exemple d'Alicia qui ne voit pas que son interlocuteur fait la gueule. Mais vous ne trouverez pas l'exemple de Laurent qui le sait très bien et ne sait pas comment réagir.

Quand on croit tout connaître...

Vous aurez le même phénomène en apprenant la mécanique quantique ou les auteurs du 19ème siècle. Vous aurez toujours des informations simplifiées, contrastées, saillantes.

En un mot, pédagogiques.

C'est pourquoi il est utile d'en être conscient. Il est utile de savoir qu'au moment où l'on croit maîtriser un domaine, il en reste beaucoup, beaucoup à apprendre. Et j'en veux pour preuve...

... que ce phénomène porte un nom : l'effet Dunning-Kruger. Et voilà ce qu'il dit.

Quand on monte en compétence, on prend vite confiance en ses capacités. Trop en fait. S'ensuit une phase de crise : le moment où l'on comprend qu'il nous reste tout à apprendre. À partir de là, la confiance remonte raisonnablement.

Et moi dans cette histoire ?

Et donc, je me suis planté pour cette raison. J'avais trop confiance. Je pensais me connaître et je pensais connaître l'autisme. Double plantage !

Comment aurais-je pu identifier que je suis dyspraxique, c'est à dire avec des difficultés corporelles, alors que je peux jongler ou faire un moonwalk ? Comment voir mes difficultés de communication, alors que je sais être bavard et que je saisis très bien les émotions sur les visages ?

Hein, comment aurais-je pu ?

Ce que vous pouvez faire

Peut-être... en admettant que le sujet est plus complexe qu'il n'y parait. En acceptant de ne pas savoir, de ne pas maîtriser. En acceptant l'idée que je peux faire illusion, même auprès de connaisseurs et de médecins... mais pas d'un psychiatre expert en autisme.

Ce que j'aurai pu faire, c'est faire preuve d'humilité devant la complexité du monde, devant sa nature quasi infinie.

Nous devons avancer dans nos connaissances, sachant leurs imperfections. Et même en boîtant sur le chemin, nous avançons !