Versions alternatives : infographie

C'est très compliqué.

Vous avez des particularités. Vous ne supportez pas le bruit de la machine à café et ne savez pas comment le dire. Vous vous privez de sorties sympathiques, parce que vous avez besoin de vous isoler... et que ça la fout mal.

Peu importe finalement. Vous avez ce petit truc que les autres ne comprennent pas. Et ça vous complique la vie. Peut-être que vous endurez en serrant les dents et les poings.

Ou vous vous confondez en excuses. Ou même vous posez votre cœur sur la table. Vous expliquez en détail, votre souffrance, vos difficultés... et là, on vous répond un "C'est dur pour tout le monde".

Mais il existe une alternative. Une méthode de communication honnête et empathique. La méthode pour vous protéger, c'est la méthode PARE.

Le monde juste

Mais avant de rentrer dans la méthode, pourquoi c'est si difficile ? Si vous vous êtes bloqués le dos, tout le monde comprendra que vous n'aidiez pas à transporter un carton de babioles. Alors pourquoi, cette différence de traitement ?

À cause du biais du monde juste. Je m'explique.

Notre cerveau tend à nous faire croire que le monde est juste. Vous avez loupé votre diplôme ? Les gens se diront que vous n'avez pas bossé. Vous vous êtes fait viré, vous l'avez sûrement cherché.

Donc, si le bruit vous insupporte au point d'en être malade... c'est que vous exagérez. Ou que vous chercher à vous donner une image.

Alors vous pouvez rager. Mais vous pouvez accepter que ces personnes ont leur limite. Elles ne sont pas en mesure d'accueillir votre souffrance. Il faut alors les ménager. On en arrive donc à la méthode PARE.

Infographie PARE

P pour Proposer

Ça passera toujours mieux si vous dites : je peux fermer la fenêtre s'il vous plait ? Que si vous dites que vous voulez fermer la fenêtre, parce que vous avez attrapé une maladie bizarre, qui vous rend sensible aux courants d'airs.

Donc, en premier lieu affirmez-vous. Dites ce que vous voulez... mais allons un peu plus loin.

Vous n'avez pas seulement deux alternatives OUI et NON. Vous pouvez en imaginer d'autres. Alors voilà, proposez des solutions. Soyez créatif.

Dites que vous participerez à la balade, mais que vous les rejoindrez seulement le soir. Demandez d'éteindre la machine à café de 15h à 16h. Et si parfois vous dites non, alors c'est non, mais vous aurez tenté d'autres idées.

Bref, proposez. C'est la meilleure possibilité de vous respecter, tout en respectant les autres.

A pour Alléger

Vous voulez être compris. Entendu dans vos difficultés, alors vous devez parler. Donner des informations sur vous... mais pas trop vite.

Si vous submergez votre interlocuteur de vos souffrances et de vos difficultés ; si ce que vous dites dépasse ses capacités d'écoute, il va se bloquer.

Alors, il faut donner de l'information petit à petit. En respectant ses capacités à entendre. Donnez des raisons à votre proposition, mais en version allégée.

Dites que vous voulez fermer la fenêtre parce que les courants d'airs vous dérangent. Dites que vous voulez éteindre la machine à café, car son bruit vous irrite. Et la fois d'après, vous en direz plus. Vous mentionnerez le mal de tête ou une certaine fatigue du vendredi 24.

C'est juste un travail d'empathie. Respecter l'autre dans son rythme d'acceptation.

RE pour REmercier

La peur, la culpabilité font qu'on se confond en excuse. Ou tout le contraire, on reste froid.

Alors essayez de reconnaître les efforts de l'autre. Ce qu'il fait à sa mesure. Prononcez un vrai MERCI. Honnête.

Je sais à quel point ça peut être difficile. Parce qu'on ne s'est pas senti entendu. Que c'est la 15ème fois que quelqu'un a rouvert la fenêtre. C'est parfois fatiguant pour soi. Mais essayez de vous mettre à la place de l'autre. Dans sa différence.

Ça peut tout changer. Et ça sera toujours mieux que 1000 excuses, qui souvent ne sont pas plus agréables. Les gens ne veulent pas spécialement vous voir souffrir, la tête basse remplie de "pardon, désolé, je suis nul". Ils préfèrent l'empathie, c'est humain.

Bref, un merci, c'est simple !

On récapitule

Reprenons le tout avec un exemple. Un ami vous appelle. Passé la phase d'introduction, ça donne ça :

— Ça te dit d'aller boire un verre au Ternaire Café ? Je reste pas longtemps dans le coin.
— Ah je suis vraiment désolé. Tu sais avec mon trouble de l'attention...
— Ça recommence...
— Non, mais tu veux pas plutôt venir boire chez moi ? Les bars, ça me mets vraiment en vrac. Trop de distractions. Et derrière, j'ai une semaine à tenir. T'imagines vraiment pas, ce que ça peut être.
— Non, mais c'est bon. Moi aussi ça m'arrive d'être fatigué dans ma semaine. Et puis, je fête un truc spécial ce soir. Je veux qu'il y ait de l'ambiance.

Là, c'est très mal parti. Soit vous dites OK, mais vous allez en baver. Soit vous dites non et bye bye votre ami. Rien ne semble satisfaisant.

Je vous propose de refaire la discussion, mais cette fois-ci avec un PARE.

— Ça te dit d'aller boire un verre au Ternaire Café ? Je reste pas longtemps dans le coin.
— Ça te dit pas plutôt de venir chez moi, j'offre à boire.
— Non je fête un truc spécial ce soir. Je veux de l'ambiance.
— (Proposer) Écoute, voici ce que je propose, tu passes chez moi, on discute tranquille et vers 23h, on sort. (Alléger) Tu sais dans les bars, j'ai un peu du mal à suivre...
— Ouais... Si tu veux. Pourquoi pas, mais après on sort. Je te connais toi.
— Oui oui pas de souci. (REmercier) Merci c'est cool. À ce soir !

Ainsi, vous vous respectez, vous voyez votre ami et vous lui laissez le temps d'intégrer votre différence. Le soir même ou à d'autres occasions, vous pourrez en dire un peu plus.

Et peut-être qu'un jour, il sera prêt à vous entendre. En entier. Vous pourrez parler à cœur ouvert de votre trouble de l'attention. De comment il affecte votre quotidien. De comment il vous a construit.

Et ce jour là, c'est peut-être lui qui vous dira MERCI !