Écoute et soutien émotionnel : 7 pièges à éviter
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Tout le monde peut tomber dans ce piège. Ne pas écouter, ne pas entendre. Parce que l'autre souffre et que sa douleur, on ne veut pas l'accueillir.
Ça soulage... mais c'est temporaire. Si vous évitez de vous confronter à la souffrance de l'autre, ça reviendra tôt ou tard. Et en plus fort probablement, à cause d'un effet que les cognitivistes appellent l'effet rebond.
Dans cet article, j'aimerais vous présenter quelques erreurs courantes, quand une personne nous expose ses difficultés. Vous suivrez les pas d'une femme enceinte qui ne parvient pas à être entendue.
1) La présomption
Au lieu d'écouter, vous définissez vous-même ce que vit l'autre. Vous présumez à sa place.
— Ça y est les contractions ont démarré, il faut appeler une ambulance.
— Non mais c'est rien ça.
Une femme enceinte devant un carousel
Et parfois, on finit même par imposer ce que doit ressentir l'autre. Du genre :
— Non mais tu vas pas me dire que ça fait si mal quand même ?
2) La comparaison
Vous comparez le vécu de l'autre à celui d'autres personnes et bien souvent à la vôtre. Parfois la comparaison est hasardeuse.
— Les contractions sont de plus en plus douloureuses.
— J'ai eu exactement pareil ce matin, je me suis cogné l'orteil contre le pied de chaise... Hou, c'était pas agréable.
Parfois, c'est plus direct.
— Oh c'est bon, ta mère aussi a eu un accouchement, elle en a pas fait tout un foin.
Et encore d'autres fois, ça va chercher beaucoup plus loin.
— Tu sais qu'il y a des enfants qui meurent de faim dans le monde et toi tu oses te plaindre ?
3) L'appel à la philosophie
Vous n'êtes pas forcément philosophe, mais là d'un coup, vous sortez votre arsenal philosophique pour dire qu'en réalité, tout ça n'existe pas vraiment.
— J'en ai marre, c'est de pire en pire.
— Les contractions c'est dans la tête. Tout ça ce sont des influx nerveux, mais ça n'a aucune réalité tangible. En fait, c'est nous qui construisons notre réalité.
L'exemple est un peu absurde, mais il permet de comprendre l'essentiel : ce n'est pas le bon moment pour philosopher. Si vous me demandez de vous passer le pain qui est sur la table, il est inutile que je tergiverse sur la nature réelle ou supposée du pain. Je vous le passe.
4) La passivité
Vous ne nourrissez pas la discussion, espérant que l'autre se lassera d'en parler.
— L'ambulance n'arrive pas, je suis super inquiète.
— ...
Le langage du corps joue beaucoup également. En étant impassible, en ne donnant aucun signe d'écoute, la discussion finit bel et bien par se tarir.
5) La diversion
Vous bifurquez carrément sur un autre sujet :
— Ça fait déjà 6 heures, j'en peux plus là.
— Hé mais en fait, ton grain de beauté sur ta main, c'est le même que celui de ton père.
6) La relativisation
Une autre manière de faire diversion, c'est de montrer à quel point elle a de la chance.
— Je suis vidée...
— Oh mais tu te rends compte la chance que tu as. Tu as une petite fille et en plus, toute la famille est venue te voir.
Ça peut paraître sympathique au premier abord. Mais le problème, c'est que c'est culpabilisant. Si je RESSENS de la souffrance et qu'on me dit que je DEVRAIS être heureux, alors ça fait conflit. Ça donne le sentiment que ce que je ressens n'est pas légitime et ne DEVRAIT PAS exister.
7) La responsabilisation
— Je n'ai plus une minute à moi. Si je me sépare de Mélissa quelques minutes, elle pleure.
— Tu sais, c'est toi qui a voulu un enfant. Je comprends que c'est pas facile, mais au final c'est ton choix.
C'est la version plus soft, du type : "Tu as fais un choix, tu assumes". Mais ça peut aller beaucoup plus loin avec des propos culpabilisant : "Tout ça, c'est de ta faute, tu l'as bien cherché".
Vivre cette expérience
La souffrance est présente de part et d'autre, mais sans vraiment aboutir à une connexion, à une entraide.
Qu'aurait-on pu faire à la place ? Pas grand chose finalement. Juste écouter, accueillir avec son corps et pas seulement avec ses mots. On aurait pu lui dire "T'en fais pas, je suis là pour te soutenir" ou plus bêtement "Je te comprends.".
Mais on ne va pas culpabiliser pour ce qui a été fait avant. Mélissa vient d'avoir 8 ans maintenant. Elle pleure parce qu'elle s'est tapé le genoux :
— Ça fait mal...
À cet instant, tout est possible. Vous pourriez lui dire que c'est rien, lui raconter qu'il ne fallait pas qu'elle joue avec les plus grands. Mais vous pourriez aussi changer de regard et lui répondre ça.
— Oh la la, ça doit faire mal ça. Tu t'es bien tapé le genoux.
— Oui très (Elle sèche ses pleurs.).
— Viens je t'emmène voir ta Maman, elle doit s'inquiéter.
Se connecter à l'autre, l'écouter, peut être une expérience riche. Certes, ça peut secouer, mais votre ami, votre sœur, votre enfant se sentira entendu. Sa douleur sera amoindrie par votre écoute.
Et finalement, en écoutant Mélissa et sa Maman, c'est VOUS que vous apprenez à écouter.
Un regard atypique pour changer : vous, votre vie, le monde
Ma vie, c’était comme un vélo crevé, qui n’arrivait pas à rouler. Alors, j’ai cherché des solutions partout. Et j’ai fait de nombreuses découvertes. Comme…
Pourquoi utiliser une “tout doux liste” plutôt qu’une todo list ? Pourquoi la méthode VIF rend-elle plus efficace ? Quel est le mode d’emploi de la bienveillance ? Et c’est quoi la carte du bonheur ?
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